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EXTRAITS DE MON TRAVAIL

Ce jour de l'été 1943 où ma vie a changé

Ce jour de l'été 1943 où ma vie a changé - Récit biographique Biographe de D. C., un monsieur de 89 ans marqué par vingt ans au service de l'armée française, et dont les souvenirs le hantent encore 50 ans après, jusqu'à le réveiller presque toutes les nuits. Ce fut pour moi un plaisir de l'accompagner dans ce projet d'écriture, même si ce travail ne s'est pas fait sans douleur pour lui, le fait de remuer certains souvenirs l'ayant profondément remué pendant les quelques semaines de notre collaboration, jusqu'à verser quelques larmes lors de l'évocation de certaines périodes.
À la fin de notre premier entretien de travail, tout en me raccompagnant, il m'a glissé « Je suis très heureux d'avoir fait votre connaissance, déjà, et puis au-delà de ça je suis très heureux de travailler avec vous, parce qu'on a l'air, je peux pas dire de copains, mais enfin, vous écoutez tout ce que je dis. » Et lors de notre dernier entretien, alors que je lui demandais s'il avait apprécié notre collaboration, il m'a répondu « C'était magnifique, vous m'avez écouté comme un confesseur ».
Mais lors de ce dernier entretien, ce qui m'a fait le plus plaisir, alors que nous relisions un passage à valider avec lui concernant ses difficultés encore quotidiennes pour trouver le sommeil, c'est qu'il m'a interrompu pour me dire que nous pouvions supprimer ce passage. Devant mon étonnement, il m'a alors expliqué que depuis quelque temps, il ne faisait plus de cauchemars et avait retrouvé un sommeil serein. Et de me confirmer que le fait de m'avoir raconté des choses qu'il avait gardées pour lui depuis un demi-siècle l'avait soulagé d'un poids énorme. Ce fut un réel plaisir pour moi, et cela m'a conforté, s'il en était besoin, dans l'idée que j'exerce un beau métier, qui revêt une réelle utilité, au-delà même du rôle premier qui est la transmission d'une mémoire.


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Un jour, au cours de l'été 1943, alors que je prenais le service à 14 heures, je suis arrivé à la porte de mon atelier, à l'usine, et un type en blouson m'a fait signe de quitter les lieux au plus vite. À cette époque, nous étions en guerre, je n'étais donc pas idiot, et je ne me suis pas fait prier pour déguerpir. Un peu plus loin, un type m'a demandé de le suivre, et nous sommes allés au centre social de l'usine. Le gars m'a alors expliqué qu'il était membre du Comité de résistance de l'entreprise, et qu'il ne fallait surtout pas que je pénètre dans l'usine, car ils étaient en train d'embarquer tous les jeunes, ainsi que certains ouvriers, afin de les envoyer en Allemagne, à Munich, pour le fameux STO (Service du travail obligatoire). Il m'a dit ceci :
– Va là-bas, et surtout, ne moufte pas !

Peu après, le gars du Comité de résistance m'a indiqué que j'avais trois options : partir en Allemagne, intégrer le maquis ou intégrer le premier régiment de France. Puis il m'a expliqué qu'il n'était pas question que je parte en Allemagne, parce que j'étais trop jeune et surtout parce qu'ils ne voulaient pas envoyer des gens en Allemagne. L'option de rejoindre le maquis m'était ouverte, je pouvais choisir n'importe quel maquis, mais il ajouta que je pouvais également choisir le premier régiment de France. Je ne savais évidemment pas de quoi il s'agissait, et il m'expliqua qu'il s'agissait d'un régiment monté par Pétain, dont une compagnie et un escadron étaient dissidents, et avaient rejoint le maquis. J'ai donc choisi cette option, non sans lui avoir demandé ce que je devais faire par rapport à mes parents. Il m'a alors répondu :
– T'occupe pas de tes parents, on s'occupe d'eux.
La situation de mes parents était simple, mon père était dans la résistance à Ivry-sur-Seine, tandis que ma mère était concierge porte d'Italie, avec son nouveau compagnon, Michel.

On m'a alors donné tous les documents nécessaires pour me permettre de rejoindre le maquis, et le type m'a amené chez moi, afin que je prenne quelques affaires. J'ai dit au revoir à ma mère et à Michel, et nous sommes partis en direction de la gare d'Austerlitz. J'ai alors pris le train et je suis descendu à Châteauroux. Nous étions deux, et dans un premier temps, personne n'était présent pour nous accueillir. Puis une petite dame, une balayeuse de gare, s'est dirigée vers nous afin de nous demander si nous étions les deux gars en provenance de Paris. Sur notre confirmation, elle nous ordonna de patienter dans la salle d'attente, jusqu'à ce qu'elle revienne nous chercher. Nous avons ainsi passé l'après-midi et la nuit sous la banquette de la salle d'attente, cachés sous des couvertures, pendant que les cheminots (hommes et femmes) tapaient le carton au-dessus de nous. En effet, les Allemands passaient régulièrement afin de vérifier les fameux « Ausweis », sans toutefois les réclamer aux employés de la gare, qu'ils connaissaient bien.

Au petit matin, nous sommes sortis en catimini, par une petite porte, pour un départ rocambolesque. On nous a fait monter dans un camion, sous une bâche, et nous avons roulé un moment, avant de faire une halte devant un hôtel, qui s'appelait, si ma mémoire est bonne, « les Centurions ». On nous a alors demandé de descendre du camion pour déjeuner. Une fois installés dans la salle de restaurant de l'hôtel, on nous a offert un grand bol de café au lait, accompagné de tartines beurrées. Tandis que j'expliquais que je n'avais pas faim, notre accompagnateur m'a répondu que j'avais intérêt à manger, car il était probable que je ne mangerais pas avant le soir. Je me suis donc un peu forcé, puis nous sommes remontés dans le camion, lequel est reparti, pour une destination que nous ne connaissions toujours pas.

*  *  *
Voilà ce qu'était ma vie en Extrême-Orient, avec ces peurs qui me hantaient en permanence. Et pendant très longtemps, je pourrais presque dire encore aujourd'hui, j'ai fait des cauchemars qui me réveillaient la nuit, j'étais malade de peur. On m'a soigné pour cela d'ailleurs, et je vois encore aujourd'hui la psy de la maison de retraite, qui me fait parler pour évacuer ces peurs. En fait, lors de ces cauchemars, je revivais ce que j'avais vécu sur place, mais également ce que je n'avais pas vécu en raison d'un concours de circonstances. Par exemple, lors de cette fameuse rencontre avec les quarante types dans le trou, du côté de Xom Phéo, et moi à vingt mètres d'eux. Et moi de continuer à me demander, des dizaines d'années plus tard, pourquoi ils ne m'avaient pas tiré dessus. Ce genre de situation engendrait des peurs rétrospectivement, des peurs qui m'ont poursuivi pendant de très longues années.

Je dois tout de même avouer que mon pire souvenir d'Extrême-Orient, ce sont les nuits passées à la frontière de Chine. C'était terrible, j'avais les tripes qui remuaient continuellement, et c'était pareil pour tous les gars autour de moi. Je me foutais d'être tué, mais je craignais par-dessus tout d'être fait prisonnier, parce que je savais que je ne me serais pas laissé faire, et ils auraient fini par me tuer. Je connais par exemple un gars qui est rentré. Il avait volé un œuf de poule à un paysan. Ils lui ont fait faire 800 kilomètres en convoi de prisonniers, pour le faire rentrer au pays, et il était tout heureux, mais lorsqu'il est arrivé au bout du voyage, on lui a dit « Non, pas toi » et il est reparti pour 800 kilomètres jusqu'au camp de prisonniers. Je n'aurais jamais pu supporter qu'on me mette dans une cage, avec de l'eau jusqu'aux épaules, jour et nuit, comme ce fut le cas de certains prisonniers. Je n'ai d'ailleurs jamais accepté le fait qu'un sergent-chef français de la coloniale ait été amnistié, après avoir été directeur d'un camp de prisonniers chez les Viêts Minh. Il a pu rentrer chez lui sans être inquiété, après avoir fait à ce point souffrir les gens.

Ma vie, passionnément

Ma vie, passionnément - Récit biographique Extrait de la biographe de V. B., un monsieur qui avait 89 ans lorsque je l'ai accompagné dans ce projet, et qui est décédé avant la fin de notre travail. Malgré la tristesse qui fut la mienne lorsque je l'ai appris (une forme de complicité s'était établie entre nous), et bien que son décès ne nous ait pas permis de terminer réellement ce travail, je suis conscient du rôle qui a été le mien pour préserver une mémoire qui menaçait de disparaître à tout jamais, d'autant qu'aucun des membres de sa famille n'aurait envisagé de se lancer dans ce projet. Il était en quelque sorte le patriarche d'une famille, avec de nombreux petits-enfants, lesquels ont été heureux de découvrir l'histoire de leur grand-père charismatique. Ce sont d'ailleurs certains de ses petits-enfants qui ont en quelque sorte finalisé le projet, en apportant leur contribution personnelle pour mettre le point final au récit. Ma satisfaction est grande d'avoir pu contribuer à préserver cette mémoire de l'oubli, tout en offrant à sa famille un livre précieux qui sera transmis aux générations à venir. Je me dis presque quotidiennement que décidément, j'exerce réellement un métier fabuleux... que j'aurais presque envie de qualifier « d'utilité publique ».


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Mon père prit rapidement des responsabilités syndicales et politiques, en devenant membre du Parti socialiste italien. Une à deux fois par an, il faisait le voyage jusqu'à Rome, où il fit connaissance du député socialiste Giacomo Matteotti, assassiné quelques années plus tard, en 1924. Mon père était d'ailleurs présent le jour de l'événement ayant entraîné son assassinat. Il avait en effet été invité par Matteotti à assister à la séance du nouveau Parlement, au cours de laquelle le député avait prononcé un discours d'une heure et demie afin de dénoncer, preuves à l'appui, les violences ayant faussé le résultat des récentes élections législatives. Ce discours, prononcé devant une assemblée de fascistes et en présence de Mussolini lui-même, lui a coûté la vie. Il fut en effet enlevé quelques jours plus tard en plein centre de Rome et assassiné par ses ravisseurs, des fascistes qui ne toléraient pas cet opposant.

À la suite de cet assassinat, mon père lui-même fut pourchassé. Ainsi, il se rendit un jour dans un village non loin de là où il résidait, afin d'assister à une réunion politique qui se tenait au deuxième étage d'un grand bâtiment de quatre étages, qu'on appellerait aujourd'hui « bourse du travail ». Il fut alors repéré par des opposants politiques fascistes, qui entreprirent de saccager totalement la bourse du travail afin de mettre la main sur lui. De là où il se trouvait, il voyait les meubles qui étaient jetés par la fenêtre du premier étage, ainsi que les personnes qui s'y trouvaient. Entendant les hommes monter au deuxième étage, il comprit que c'était lui qu'on recherchait et qu'il ne serait pas épargné. Ce qui le sauva fut sa connaissance des lieux, où il s'était déjà rendu plusieurs fois auparavant. Sa seule issue était le local attenant, dans lequel exerçait un tailleur qui réalisait des costumes. Il déplaça le meuble qui cachait l'accès à la porte de ce local et frappa à la porte. Le tailleur lui ouvrit et, comprenant la situation, lui confia un coupon qui lui permettrait de sortir sans être inquiété. C'est ainsi qu'il put quitter le bâtiment, en expliquant aux miliciens fascistes qui assiégeaient les lieux qu'il n'était que l'assistant du tailleur, et qu'il rentrait du travail.

Mais devant leur échec, comprenant qu'ils avaient été bernés, ses poursuivants ne l'entendirent pas de cette oreille, et ils le poursuivirent jusque dans son village natal, celui où il résidait. Le chef du parti fasciste s'est ainsi présenté chez lui, armé d'un pistolet et accompagné de deux acolytes. Les ayant vus arriver, mon père eut le réflexe d'aller frapper à la porte du couvent afin d'y trouver refuge et protection, mais lorsque la porte s'ouvrit, on lui en refusa l'entrée ! L'Église catholique soutenait en effet à cette époque ouvertement le fascisme. C'est alors que ma mère, informée de la situation, se précipita sur les lieux, car par chance, sa propre sœur était la femme du fasciste en chef. C'est ainsi qu'ils furent contraints de le laisser repartir.

Ils n'en restèrent cependant pas là et se vengèrent sur la famille. Un jour, mon grand-père, qui habitait la campagne, descendit au village pour s'acquitter de son devoir électoral, le vote étant à l'époque obligatoire en Italie. Au motif qu'il n'était pas en possession de bulletins de vote, il fut tabassé et laissé pour mort dans un ruisseau. Il eut toutefois la chance de s'en sortir.

Une fois par semaine, les fascistes se présentaient en bas de sa maison pour le menacer, en lui criant « On l'attend, ton fils, on sait qu'il viendra ! ». Cela pouvait être à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, et cela dura pendant toutes les années du fascisme.

C'est alors que mon père prit la décision de quitter le pays. Grâce à ses connaissances au sein du Parti socialiste, il put quitter l'Italie en passant par la Suisse, et il se retrouva à Bruxelles, où il fut rejoint par une lointaine tante.

*  *  *
Avec mon ami Paul, pendant deux ans environ, à l'époque où j'avais ouvert le centre de prévention, j'ai chanté dans un restaurant cabaret de Saint-Germain-des-Prés, et qui existe toujours aujourd'hui. Ce restaurant cabaret est installé dans une espèce de caveau, avec des enluminures qui décorent l'ensemble de la salle.

Lorsque j'avais terminé ma journée, mon ami Paul, qui était responsable d'un cabinet de géomètre, me rejoignait et nous nous produisions dans ce cabaret. Nous chantions exclusivement des chansons du Moyen-âge, et nous étions habillés d'un collant, de chaussures d'époque, etc. C'était pour nous un plaisir plus qu'un gagne-pain, même si nous gagnions bien sûr un peu d'argent… de quoi se « saouler » et en distribuer un peu. Nous y rencontrions de nombreux artistes, puisqu'à l'époque, ceux-ci fréquentaient assidûment les cabarets, c'était pour eux un moyen incontournable de se faire connaître et de gagner de l'argent. Beaucoup d'artistes connus sont d'abord passés par les cabarets, avant de faire carrière à la lumière.

C'est ainsi que j'ai pu rencontrer Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, qui sont devenus des copains. Le père de ce dernier habitait Montreuil, il y était boucher. À l'occasion d'un spectacle qu'ils produisaient et qui dura deux ou trois ans, dans un cabaret des Champs-Élysées, ils nous invitèrent un jour, ma femme et moi, à assister à une représentation. Lorsque nous arrivâmes, une table nous avait été réservée, avec une bouteille de champagne, et nous assistâmes à ce spectacle au cours duquel ils chantèrent la chanson « À Joinville-le-Pont ». On nous avait distribué de petites casseroles, et nous accompagnions la fin de la phrase par un « pont-pont » avec ces petites casseroles. Nous passâmes un bon moment, c'étaient des gens absolument charmants, offrant du spectacle populaire. Ils firent ensuite tous les deux carrière au cinéma.

Un jour, le patron du cabaret vint nous voir après notre prestation et nous dit :
– Vous avez vu ce que vous avez fait ? Vous avez chanté devant une table, au premier rang, où deux personnes étaient assises, et l'un d'eux vous a parlé. Que vous a-t-il dit ?
Je lui répétai alors les paroles de ce monsieur, qui m'avait dit « Vous savez que vous avez une très jolie voix, vous pouvez continuer. » Le patron m'apprit alors que ce monsieur n'était autre que le grand compositeur Igor Stravinsky ! Une rencontre qui sortait une nouvelle fois de l'ordinaire.

J'ai eu 15 ans en 1939

J'ai eu 15 ans en 1939 - Récit biographique La biographie de Paul N., un Ardéchois de 90 ans à la vie bien remplie, porte essentiellement sur des événements marquants, principalement pendant la seconde guerre mondiale, au cours de laquelle Paul N. a notamment participé au sabordage de la flotte française à Toulon, en novembre 1942. Une mémoire vivante de certains événements majeurs de notre Histoire à tous. Je me souviens que, dès la fin de notre premier entretien, Paul N. m'a dit « vous savez, ça me fait du bien de parler ». J'entends souvent ce type de témoignage, qui montre à quel point il est important, pour les personnes ayant atteint un certain âge, de ne pas laisser se perdre une mémoire, une histoire, une vie.


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Un jour, je me rendis au fort des Aittes, et je demandai à voir Garel, l'un des membres de notre groupe. On me répondit qu'il était à l'atelier de mécanique, en train de s'occuper de l'un des obus de mortier de 149 dont les Allemands nous arrosaient régulièrement. Il avait positionné l'obus dans un étau et, de manière inconsciente, il tapait dessus avec un burin ! Il voulait comprendre la raison pour laquelle il n'avait pas explosé. Et c'est grâce au burin et au marteau qu'il parvint à dévisser la capsule, c'est-à-dire la fusée. Une chance incroyable, car à la place de l'explosif, il trouva un morceau de papier roulé, qui ressemblait un peu à du papier à cigarette. Nous saisîmes le papier afin de le regarder à la lumière, et nous parvînmes à déchiffrer le message suivant : « C'est tout ce que nous pouvons faire, nous les ouvriers français, en Allemagne ». L'obus avait été saboté ! C'est ainsi que nous découvrîmes avec émotion que certains Français, qui travaillaient de manière forcée en Allemagne, contribuaient à leur manière à la résistance contre l'occupant en sabotant les armes qu'ils étaient contraints de fabriquer. Ils permettaient probablement de sauver ainsi de nombreuses vies, peut-être même celle de l'un de nous, ce jour-là.

*  *  *
Lorsque nous suivions la colonne allemande, notre chef était un adjudant-chef marocain qui avait perdu la main gauche à Voreppe à cause d'une grenade, lors d'un combat acharné contre les Allemands. Cela ne l'avait pas empêché de s'engager ensuite dans le maquis avec le rang de capitaine. Ce jour-là, cet adjudant-chef avait repéré un prisonnier qui parlait beaucoup de langues. Je me retrouvai donc avec ce prisonnier qui devait faire office d'interprète, et je m'assurai qu'il avait bien compris ce que je lui demandais : « Tu détermines la langue que chaque prisonnier parle, puis tu les interroges et tu me traduis leurs propos ! Tu as compris ? Allez, exécution ! ». C'est alors que le type tomba à genoux devant moi et me dit « Pitié ! ». Il avait interprété le mot « exécution » comme un ordre de ma part de le faire exécuter !

*  *  *
C'est au moment de Noël, en cette année 1945, qu'on nous accorda une permission afin de rentrer dans nos familles. On nous donna un document nous permettant de prendre l'avion, et nous attendîmes trois jours avant de pouvoir quitter la Tunisie, en raison du mauvais temps. Nous fûmes finalement affectés sur un maraudeur, ces avions américains double queue. On nous informa que c'était le chef de bord qui déciderait du départ, en raison du risque de mauvais temps sur la baille (terme désignant la mer). Je vis alors trois pilotes, tous jeunes, l'un avait 27 ans, un autre 24 et le dernier 23, qui étaient en train de jouer. Nous nous présentâmes, et ensuite arrivèrent les familles respectives des trois pilotes, ce dont je m'étonnai auprès d'eux. C'est alors que le plus âgé d'entre eux me répondit « Petite tête ! Au moins, si on se casse la gueule, il n'y aura ni veuves, ni orphelins ! ». Ce n'était pas de nature à nous rassurer quant à la sécurité du voyage, surtout en montant dans un coucou qui avait réalisé pas moins de 70 missions de bombardement !

Estimez-vous heureux d'être vivants !

Estimez-vous heureux d'être vivants - Récit biographique Faire construire, un rêve pouvant parfois virer au pire cauchemar. Dans certaines régions plus que dans d'autres. Nous sommes en effet dans le Var, ce département où le nombre de procès liés aux litiges avec les artisans et les constructeurs est si élevé qu'il nécessite une salle d'audience dédiée dans les tribunaux...
Dans ce récit, basé sur une histoire « désespérément vraie », l'auteur relate les mésaventures liées à deux projets de construction d'une maison dans le Var. Le deuxième projet a débuté en 2003... et dix ans après, le quotidien des protagonistes de cette « affaire » (puisque c'en est désormais une) est devenu un enfer.
Rien ne leur a été épargné : deux années perdues avec un premier architecte, deux années de construction pour une maison non terminée et dans laquelle il pleut, une procédure qui a mis une année à démarrer, une inondation qui a rendu leur maison totalement inhabitable, une assurance qui refuse toute indemnisation en osant leur asséner « estimez-vous heureux d'être encore en vie », des artisans qui refusent les uns après les autres de faire face à leurs engagements et responsabilités, une expertise judiciaire qui n'en finit plus avec des annulations successives jusqu'au décès de l'expert, nécessitant la reprise de tout le dossier par un nouvel expert, un avocat leur expliquant sans détour qu'il n'y a « pas plus injuste que la justice »... C'est tout simplement désespérant.
Ce livre est un témoignage, une invitation à la réflexion et à la prudence, car même si l'histoire semble incroyable, il ne s'agit pas d'un cas isolé, dans une région où les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. Ceux qui seraient tentés par l'aventure ne pourront plus dire « nous ne savions pas ».


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Pendant ce temps, les travaux continuent malgré tout, et nous nous rendons régulièrement sur le terrain, afin de vérifier l'avancement, de prendre des photos, d'examiner la conformité par rapport aux plans, etc. Mais début février, Lopez (le chef de chantier) nous appelle pour nous informer qu'ils arrêtent le chantier, car ils ont besoin du chemin d'accès, que nous ne pouvons pas nous permettre de réaliser, car les frais correspondants n'ont pas été prévus. Et en effet, quelques jours plus tard, nous constatons que le chantier a été déserté. Étant donné la tournure que prennent les événements, nous décidons de prendre rendez-vous avec un avocat, un certain Maître Rosé. Nous entendons lui exposer tous les soucis que nous rencontrons, afin qu'il nous conseille quant à l'attitude à adopter. Malheureusement, je dois avouer que nous avons rarement été confrontés à autant d'incompétence concentrée en une seule et même personne. Non seulement il n'y connaît rien en droit de la construction (contrairement à ce qu'il affirme), il n'a jamais entendu parler de notre constructeur (pourtant un groupement important dans la région), et il ne sait même pas ce qu'est un contrat de construction de maison individuelle (pourtant un contrat très réglementé), mais il finit par nous laisser sans voix en proférant la plus grosse ânerie qu'il m'ait été donné d'entendre : il nous suggère, pour résoudre le problème, que nous appelions notre constructeur (alors même que nous venons de lui expliquer qu'il ne nous répondait pas...) afin de solliciter « un accord oral pour résilier le contrat à l'amiable » ! La surprise est telle que ce n'est qu'en sortant que nous réalisons l'incompétence de cet avocat, auquel nous avons pourtant laissé notre dossier, qu'il s'est engagé à « étudier » pour la modique somme de 1000 F hors taxes ! Nous sommes furieux, il est évident que nous n'entendons en aucun cas verser un centime pour obtenir l'avis d'un tel avocat !

*  *  *
Nous arrivons ensuite à l'automne, une période habituellement très arrosée dans la région. Et en effet, le 9 octobre, les pluies de la nuit ont fait que de l'eau suinte sans discontinuer dans le couloir, provoquant une large flaque d'eau sur le sol ! Et vers 9:00, on frôle la catastrophe : tout un pan du faux plafond s'écroule soudain, sous le poids de l'isolant qui s'est imbibé d'eau. Quelques secondes plus tôt, nous étions exactement sous cette partie du faux-plafond ! Nous appelons aussitôt l'avocate afin de tenter de faire accélérer les choses, car nous ne pouvons pas faire réparer le toit tant que l'expert désigné par le tribunal n'aura pas constaté les malfaçons, et à ce rythme, la maison va finir par devenir réellement dangereuse et inhabitable. Mais les choses vont prendre une tournure beaucoup plus dramatique le 14 décembre. Nous sommes dimanche, et nous avons passé une journée tranquille, notamment à jouer avec nos enfants. En début de soirée, tandis qu'il pleut et qu'il y a de l'orage depuis un moment, nous sommes en train de regarder la télévision... quand soudain l'installation électrique disjoncte. Rien de bien extraordinaire, nous descendons donc à la cave pour remettre le courant... mais nous constatons que la cave est totalement inondée, et qu'il est donc impossible de remettre le courant, puisque le tableau électrique a été, contre tout bon sens, installé dans cette cave, et il est donc exclu de remettre le courant... les pieds dans l'eau. D'autres ont essayé avant nous. Or, en l'absence de courant, il n'est pas possible de remettre en marche la pompe de relevage qui a précisément été installée pour évacuer l'eau de la cave en cas d'inondation. Étant donné que l'eau ne cesse de monter et que la cave ne contient pas seulement le tableau électrique, mais également la machinerie de la piscine et surtout les deux pompes à chaleur pour le chauffage, nous finissons par décider d'appeler les pompiers, afin de tenter autant que possible de sauver ce matériel coûteux.

Mes trois premières vies

Mes trois premières vies - Récit biographique Dans ce récit autobiographique, l'auteur retrace les premières étapes de sa vie, une enfance difficile, le divorce de ses parents, un déménagement dans un pays dont il ne parle pas la langue, une adolescence ennuyeuse, puis la vie d'étudiant et ses excès, et enfin les joies et douleurs des aventures amoureuses.

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Ma mère était convaincue que je resterais tout naturellement avec mon père, car étant déjà en quatrième, il semblait difficilement concevable que je parte habiter dans un pays dont je ne parlais pas la langue. Il a donc été rapidement acquis que je resterais avec mon père (et donc mon frère), et c'est resté ainsi pendant quelque temps. Je pense d'ailleurs qu'à la fois mon père et ma mère étaient satisfaits de ce choix, qu'ils avaient probablement anticipé, voire suggéré. Mais cette certitude étant acquise, les conséquences en devenaient plus palpables : j'allais rester avec mon père, qui ne s'était jamais occupé de moi et que je connaissais en réalité très peu. J'allais aussi rester avec mon frère, avec lequel j'avais un peu perdu le lien, puisqu'il était interne depuis deux ans et n'habitait donc plus avec nous, et qui n'allait peut-être pas rester longtemps dans la région, s'il partait faire ses études ailleurs. Et puis il y avait aussi ma sœur, avec qui j'avais beaucoup plus l'habitude de jouer, et que j'imaginais mal ne voir que deux fois par an.

*  *  *
Onze heures moins le quart : personne. Je m'étais endormi un peu, et je fus étonné de me réveiller plus d'une heure plus tard alors qu'il faisait déjà nuit et qu'ils n'étaient pas encore là. Onze heures, toujours personne. J'étais déjà excité à l'idée de ce que nous allions faire, mais cette attente interminable me rendait anxieux. Viendraient-ils ? Auraient-ils eu un empêchement ? Je n'osais pas y penser ! Il avait fait très beau pendant la journée, et il faisait encore très bon dehors. Je restai donc dehors à guetter leur arrivée, puis rentrai, m'assis un instant, ressortis. Onze heures dix, toujours personne. Je rentrai à nouveau. J'entendis une voiture s'arrêter. Je me précipitai vers la porte, certain que c'était eux. Non, c'était les voisins qui avaient de la visite. Je commençais sérieusement à penser qu'ils ne viendraient pas, et mon soulagement fut énorme quand, vers onze heures vingt-cinq, une Juva 4 s'arrêta devant chez moi.

Nos premières années

Bande dessinée biographique Cette bande dessinée biographique retrace les premières années de deux enfants de 8 et 11 ans et de leur famille, à partir de nombreuses photos, accompagnées de bulles tantôt humoristiques, tantôt basées sur des répliques réelles. Premier volume... en attendant le ou les suivants !

Voir quelques planches
Voici quelques planches issues de cette BD biographique :

                                           

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